Dans un coin jaune de mon enfance, je me souviens d’une longue promenade autour du lac sombre de Géardmer aussi grand que la mer, avec papa et maman et puis le lac de Villegusien tout glacé sur lequel je marche et la maîtresse aussi.

Dans un coin jaune de mon enfance, il y a la toute petite fontaine d’eau fraîche d’Aprey sous laquelle je trempe mes mains avec plaisir. Il y a aussi la rivière de la Mouche qui glisse sur les pierres couvertes de mousse.

Dans un coin jaune de mon enfance, il y a des gouttes de pluie qui perlent sur la vitre de ma chambre et je m’amuse à dessiner des coeurs, des fleurs, des soleils dans la buée.

Dans un coin jaune de mon enfance, il y a le bonheur de sauter dans les flaques, dans les nids de poule de la route pour éclabousser les copains et les copines.

Dans un coin jaune de mon enfance, il y a tous les jeux dans la salle de bain pour éclabousser partout, une poire qui nettoie les oreilles et qui gicle, un bateau à deux voiles qui navigue dans ma baignoire.

Dans un coin jaune de mon enfance, il y a de grosses vagues dans la mer qui picotent le visage un jour de grand vent, il y a mon papa qui conduit un grand bateau dans le détroit de Magellan.

Dans un coin jaune de mon enfance, il y a la marée qui monte et qui détruit nos châteaux de sable.